Fiche de vidéo : "Turquie, le printemps des Arméniens" Gilles CAYATTE, 2015
Comment transmettre le passé? Comment retrouver ses racines?
Diffusé lundi 29 août sur France 3, ce documentaire est aujourd'hui disponible sans limitation de durée (ici). Il retrace la perception du génocide arménien au travers des interviews d'un Marseillais (descendant d'un Arménien émigré au moment des persécutions) et d'un Kurde dont le père, Arménien, enfant, fut caché et adopté avant d'épouser la fille de son sauveur.Il permet de traiter les questions afférentes au souvenir et à la transmission du passé.
Pour Varoujan Artin, né à Marseille, le retour dans un pays, qu'il considère comme ennemi, était conditionné par la reconnaissance gouvernementale du génocide de 1915. Par les souvenirs racontés et transmis par ses grand-parents et parents, par les chants, les portraits qu'il fait exposer, il propose des réponses à la question "Comment conserver ses racines?".
Mais sa perception des Arméniens fantasmée se heurte à la réalité. Les Arméniens vivants le sont car leurs aieux pour le rester ont fait le choix de la conversion. On assiste alors à la difficile confrontation des Arméniens convertis et des Arméniens de la Diaspora, aucun ne comprenant la souffrance de l'autre. Comment le passé modifie-t-il le présent et surtout sa compréhension?
Mais l'arrivée au village de ses ancêtres dont les maisons ont été détruites permet de se questionner sur le poids de la culture comme aide à la mémoire : Comment connaitre le passé lorsque la mémoire orale n'existe plus?
Un autre aspect de cette question était soulevé face aux pierres gravées des églises détruites : par la suppression de la culture (ici arménienne et appelée "turquification"), on supprime bien plus sûrement un peuple qu'en le déportant simplement. La preuve en est que la conservation de la mémoire arménienne semble être plus le fait du Français que des Arméniens "intégrés" qui, pour certains, refusent la revendication d'une culture arménienne.
L'interview du descendant d'un Arménien caché puis converti rappelle la difficulté du "Comment apprendre ses véritables origines et comment les accepter avec la mémoire du passé qui leur sont attachées".
Le moment le plus positif de ce documentaire sur la quête de l'identité et le souvenir est l'interview de cette adolescente, fille d'Arménien se revendiquant comme Turc de par sa religion. Elle rappelle qu'elle est Arménienne d'identité mais musulmane alévi de foi, l'un et l'autre n'étant pas incompatible pour elle et pour ses camarades et professeurs.
Pour visionner le documentaire en intégralité : ici
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