Corpus : "La maison : un lieu primordial "
La maison : un
lieu primordial
Bulletin Officiel :
« La maison : rien n'est plus commun et familier que cet objet
architectural, un toit et des murs, un abri où l'on se sent chez soi. »
Question :
Comment les documents ci-dessous illustrent-ils cette définition du Bulletin
Officiel ?
Document 1 :
MAISON : Etymologie de MAISON
(cnrtl.fr)
Du lat. ma(n)sionem,
accus. de mansio «séjour, lieu de séjour, habitation, demeure,
auberge» (de manere «rester, demeurer», v. manoir)
qui n'existe au sens de «maison» qu'en gallo-roman et dans les parlers
septentrionaux. Casa, proprement «cabane» puis «maison» en lat.
pop. a supplanté le lat. class. domus (cf. ital.
esp. casa, a. prov. caza) et subsiste en fr. dans
divers topon. et anthropon. (La Chaise-Dieu, Lacaze, Sacaze),
v. aussi chez;
Document
2 : C.R, « Ou vivaient les hommes
préhistoriques ? », Hominidés.com, 2020-2021 https://www.hominides.com/html/dossiers/habitat-habitation-prehistoire-paleolithique.php
Une définition de la notion d'habitat
Dans le langage courant le mot habitat fait référence à l'endroit où les hommes (ou d'autres animaux) se réfugient pour dormir, travailler ou tout simplement se protéger des intempéries et de la faune. On parle même plus souvent d'habitation.
De manière plus scientifique, l'habitat est
une zone plus ou moins étendue ou vivent les animaux. Cet habitat peut être
provisoire (une journée) ou plus long (une saison).
Cette différence de sens prend toute sa mesure
avant le Paléolithique car à cette période les populations pré-humaines ne
"s'installaient" pas au sens où l'on l'entend aujourd'hui. Que ce
soit Toumaï, Orrorin ou
les lignées
d'australopithèques on peut supposer que ceux-ci se
reposaient et se protégeaient tout simplement en grimpant dans un arbre. Il
n'était pas question pour eux de construire une quelconque structure (à part
peut-être des nids de branchages et de feuilles comme le font encore certains
primates aujourd'hui).
A voir également |
|
|
Musée de la Préhistoire d'Ile
de France à Nemours |
Parc de Samara |
Village préhistorique de
Quinson |
Document 3 : Sylvain
TESSON, Dans les forêts de Sibérie, 2011
La cabane mesure
trois mètres sur trois. Un poêle en fonte assure le chauffage. Il deviendra mon
ami. J'accepte les ronflements de ce compagnon-là. Le poêle est l'axe du monde.
Autour de lui, tout s'organise. C'est un petit dieu qui possède sa vie propre.
Lorsque je lui fais offrande de bûches, je rends hommage à Homo erectus,
qui maîtrisa le feu. Dans sa Psychanalyse du feu, Bachelard imagine que
l'idée de frotter deux bâtonnets pour allumer l'étoupe fut inspirée par les
frictions de l'amour. En baisant, l'homme aurait eu l'intuition du feu. Bon à
savoir. Pour étancher la libido, penser à regarder les braises. […]
A l'intérieur et
à l'extérieur de la cabane, le sentiment de l'écoulement du temps n'est pas le
même.
Dedans un ruissellement d'heures douillettes.
Dehors par -30°,
la gifle de chaque seconde. Sur la glace les heures se traînent. Le froid
engourdit le flux.
Le seuil de ma porte n'est donc pas une latte de
bois séparant le chaud du froid, le cossu de l'hostile, mais une valve
d'étranglement soudant les deux globes d'un sablier dans lesquels la durée ne
s'écoulerait pas à la même vitesse.
"Jamais sans toit"
: une manifestation pour les 123 enfants qui dorment dehors dans la Métropole
de Lyon
54 familles, soit 123 enfants, n'ont
quasiment aucune perspective de mise à l’abri cet hiver. Sans toit, ils dorment
à la rue, parfois dans des écoles ou à l'hôtel grâce à la générosité citoyenne.
Inacceptable pour le collectif Jamais Sans Toit et le Réseau Education Sans
Frontières qui organisaient ce samedi, à l’occasion de la célébration du 32ème
anniversaire de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, une
manifestation. 250 personnes y participaient pour protester contre ce sentiment
d'abandon de la part des pouvoirs publics et réaffirmer avec force le caractère
inconditionnel du droit à l’hébergement d’urgence et l’intérêt supérieur de
l’Enfant.
Par - 20 nov. 2021 à 16:56 | mis à jour le 21 nov.
2021 à 12:36 - Temps de lecture : 1 min
Document 5 : Joachim du BELLAY,
« Heureux qui comme Ulysse », XXXI, Les Regrets, 1558
Heureux qui,
comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?
Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :
Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine.
Document
6 : Philippe CLAUDEL, La petite-fille de Monsieur Linh, 2005
Parvenus dans une pièce où règne une bonne
chaleur, la femme lui désigne une place. Elle le fait asseoir. Il y a des
tables, des chaises. C'est très grand. Pour l'instant, ils sont seuls, mais un
peu plus tard tous ceux du bateau arrivent dans la salle et s'installent. On
leur sert à manger une soupe. Il ne veut pas manger, mais la femme revient près
de lui pour lui faire comprendre qu'il faut manger. Elle regarde la petite qui
s'est endormie. Il voit le regard de la femme sur l'enfant. Il se dit qu'elle a
raison. Il se dit qu'il faut qu'il mange, qu'il prenne des forces, pour
l'enfant sinon pour lui.
Il n'oubliera jamais la saveur muette de
cette première soupe, avalée sans cœur, alors qu'il vient de débarquer,
qu'au-dehors il fait si froid, et qu'au-dehors, ce n'est pas son pays, c'est un
pays étrange et étranger, et qui le restera toujours pour lui, malgré le temps
qui passera, malgré la distance toujours plus grande entre les souvenirs et le
présent.
La soupe est comme l'air de la ville qu'il
a respiré en descendant du bateau. Elle n'a pas vraiment d'odeur, pas vraiment
de goût. Il n'y reconnaît rien. Il n'y trouve pas le délicieux picotement de la
citronnelle, la douceur de la coriandre fraîche, la suavité des tripes cuites.
La soupe entre dans sa bouche et dans son corps, et c'est soudain tout
l'inconnu de sa vie nouvelle qui vient en lui.
Le soir, la femme conduit Monsieur Linh et
l'enfant dans un dortoir. L'endroit est propre et spacieux. Deux familles de
réfugiés y sont déjà installées depuis trois semaines. Elles ont pris leurs
habitudes et leurs aises. Elles se connaissent pour être originaires de la même
province du sud. Ensemble, elles ont fui, dérivé longtemps sur une épave, avant
d'être recueillies à bord d'un vrai bateau. Il y a deux hommes, jeunes. L'un a
une femme, l'autre, deux. Les enfants au nombre de onze sont bruyants et
joyeux. Tous regardent le vieil homme comme un gêneur, et le nourrisson
qu'il porte, avec des yeux étonnés, un peu hostiles. Monsieur Linh sent qu'il
les dérange. Malgré tout, ils se forcent à lui faire bon accueil,
s'inclinent devant lui, l'appellent Oncle, comme c'est la coutume.
Les enfants veulent prendre la petite Sang diû dans leurs bras,
mais il leur dit d'une voix calme qu'il n'y tient pas. Il la garde contre lui.
Les enfants haussent les épaules. Les trois femmes chuchotent, puis se
détournent. Les deux hommes se rassoient dans un angle et reprennent leur
partie de mah-jong.
Document 7 : Julie OTSUKA, Certaines n’avaient jamais vu la mer, 2011 (Traduction française 2012)
Chez nous,
c’était un lit de camp dans un baraquement du Fair Ranch à Yolo. Une longue
tente sous un prunier touffu à Kettleman. Un dortoir en planches au Camp 7 de
Barhart Tract à Lodi. Rien que des rangées d’oignons, à perte de vue. Une
paillasse dans l’écurie de John Lyman, à côté de ses chevaux de prix et de ses
vaches. Un coin du lavoir au Cannery Ranch de Stockton. Une couchette dans un
wagon de marchandises rouillé à Lompoc. Un vieux poulailler occupé avant nous par
des Chinois, à Willows. Un matelas infesté de puces dans un entrepôt de Dixon.
Un tas de foin posé sur trois caisses de pommes sous un pommier du verger de
Fred Stadelman. Un espace dans une école désaffectée de Marysville. Un carré de
terre au milieu des poiriers à Auburn, non loin des berges de l’American River,
où nous passions nos nuits allongées à contempler les étoiles américaines, qui
n’étaient pas différentes des nôtres : là-haut bien au-dessus de nous
scintillaient Altair, Véga - la Tisserande et le Bouvier de la légende – mais
aussi Jupiter et Mercure. « Même latitude », nous expliquaient nos
maris. Chez nous, c’étaient où les récoltes étaient mûres. Là où se trouvaient
nos maris. Au côté de l’homme qui binait les mauvaises herbes depuis des années
pour le patron. […]
Nous avons
accouché sous un chêne, l'été, par quarante-cinq degrés. Nous avons accouché
près d'un poêle à bois dans la pièce unique de notre cabane par la plus froide
nuit de l'année. Nous avons accouché sur des îles venteuses du Delta, six mois
après notre arrivée, nos bébés étaient minuscules, translucides, et ils sont
morts au bout de trois jours. Nous avons accouché neuf mois après avoir
débarqué, de bébés parfaits, à la tête couverte de cheveux noirs. […]
Dans le quartier
japonais nous vivions à huit ou neuf dans une pièce derrière notre salon de
coiffure, nos bains-douches, dans de minuscules appartements aux murs bruts, si
sombres que nous devions laisser les lumières allumées toute la journée. […]
Nous avions un
chat pour nous tenir compagnie et chasser les rats, et le soir depuis le seuil
de la porte, en regardant vers l’ouest, nous distinguions une lueur diffuse au
loin. C’est là, nous avaient dit nos maris, que vivaient les gens. Et nous
comprenions que jamais nous n’aurions dû partir de chez nous. Mais nous avions
beau appeler notre mère de toutes nos forces, nous savions qu’elle ne pouvait
nous entendre, aussi essayions-nous de tirer le meilleur parti de ce que nous
avions. Nous découpions dans les magazines des photos de gâteaux que nous
accrochions aux murs. Nous cousions des rideaux confectionnés à partir de sacs
de riz blanchis. Nous fabriquions des autels bouddhistes avec des cageots à
tomates renversés recouverts d’un tissu, et chaque matin nous laissions une
tasse de thé fumante pour nos ancêtres. […]
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